L’achat public attend encore "l’étincelle"

  • 17/09/2020
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"Là où il y a une volonté, il y a un chemin"
Lénine


Le SAV de "France relance" commence. Des milliards sont injectés pour relancer l’économie et, dans la logique du Gouvernement, versés aux entreprises et filières.
C’est un choix : pourquoi ne pas avoir injecté l’argent public dans les budgets publics d’investissement, s’il s’agit de relancer la commande publique ? Ce serait une autre façon de miser sur le fameux effet "de ruissellement", non ?
Peu importe, le secteur du BTP se dit a priori satisfait. Mais il reste sur ses gardes… et demande encore plus (relire "Bâtiment : le « oui… mais encore à voir » de la FFB").
 

Tacle et contre-tacle

La FFB se permet même un petit tacle aux services publics : « la crise a montré l'incroyable retard des services instructeurs en matière de dématérialisation des procédures. C'est regrettable : les trois mois de confinement ont mis à l’arrêt l’instruction des demandes de permis, en raison du sous équipement des services et de leurs agents ». Et si on investissait massivement dans l'équipement des services publics ? Par ruissellement, le "creux" observé n'aurait pas existé, non ? Un contre-tacle qui entre en résonnance avec l’article de nos confrères du "Canard enchainé" daté du 9 septembre, révélant l’état désastreux du parc informatique de l’AP-HP : une mise à jour d'un Windows préhistorique, pratiquée sur un seul poste… et hop ! tout le réseau en carafe !
 

Vous avez dit "contrepartie ?

En retour du plan "France relance" (mais en se gardant bien de commettre l’erreur de promettre un "observatoire de la contrepartie", comme en 2014 avec le "pacte de responsabilité et de solidarité"), le Gouvernement annonce qu’il attend une « implication » des secteurs et filières irriguées (lire "France relance et BTP : Pas de contrepartie demandée… mais le Gouvernement attend des engagements"). Les fédérations professionnelles sont donc invitées à formuler dans les prochains jours des propositions d’engagements. Pas d'"observatoire", mais de la soft law : Bruno Le Maire, dans l'édition des Echos du 17 septembre, explique que l'implication pourrait se "matérialiser" par « une charte des contreparties sur laquelle les entreprises s’engageraient !».
Du reste, cette demande du Gouvernement d’une forte implication des acteurs économiques n’est pas isolée. Du côté de l’achat, le Médiateur des entreprises poursuit ses exhortations. Bien avant la finalisation du plan de relance, il exhortait les acheteurs publics à lancer sans attendre tous les actes d’achats (relire "Relancer la commande publique : «c’est maintenant !»"). Pierre Pelouzet remet une pièce dans le jukebox : « Le plan France relance ne fonctionnera pas si on reste dans l'attentisme” » (relire "L’achat responsable, selon les PME et TPE"). Un médiateur des entreprises sur lequel le Gouvernement mise : ses missions viennent d’être étendues, à titre d’expérimentation, s’agissant des filières de responsabilité élargie des producteurs (lire"Expérimentation médiation pour la responsabilité élargie des producteurs").
Allez, encore un petit retour en arrière dans la sémantique politique : ce qui manquerait donc désormais, c’est « l’étincelle », celle qui va tout déclencher.... Il y a à peine quelques années, le Gouvernement annonçait triomphalement qu’il aller susciter un "choc de confiance"…
 

Taquinerie

Vous le constatez, achatpublic.info aime bien (parfois), taquiner. On aime bien vérifier… faire un petit retour en arrière, ne serait-ce que pour mesurer ce que de nouveau il y a… et si le bel emballage ne risque pas au final de décevoir. Cette semaine, on s’interroge : miser sur la rénovation énergétique, est-ce une bonne idée pour relancer le BTP ? « Il ne faut pas considérer la réhabilitation, à la différence des opérations de construction, comme un moyen d’accélérer la passation des marchés, et donc comme une solution pour relancer rapidement le secteur du BTP » tempère Carine Staropoli, professeur à l’école d’économie de Paris (lire "Relancer l’économie par la rénovation énergétique : vraie ou fausse bonne idée ? "). Et puis on rappelle qu’en matière de transition et d’économie circulaire, et notamment dans le secteur du BTP, des dispositifs existent déjà (lire "Valorisation des déchets au cours d’une opération de travaux").
 

C’était mieux avant ?

Tiens, en parlant de déception… le nouveau site de Légifrance suscite incompréhension, voire colère. Mis en fonction en ce début de semaine, dès le mardi, les juristes, pour qui il constitue l’appareil de référence, l’outil de travail quotidien déchantent… cela relève d’une version « bêta ». Ca mouline, ça bugge, ça rame … Hors de question de verser dans le "C’était mieux avant !". Mais il faudra que la Dila s’active pour relancer "un service d’accès au droit  fonctionnel !

Taquins, mais positifs : nous sommes persuadés que l’étincelle viendra….
 
Jean-Marc Joannès