La lettre d'achatpublic.info n°446

  • 15/03/2013
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Annuntio vobis gaudium magnum: habemus contractus consideratum ! Réunie au grand complet en conclave dans la salle du conseil municipal, la CAO a finalement attribué le marché de serveurs informatiques. Dehors, badauds et paparazzi de la PQR, massés sur la place, prenaient leur mal en patience. Tout le monde avait compris, lorsque le représentant de la DDCCRF, fumeur impénitent, avait entrouvert la fenêtre, en expulsant les volutes blanchâtres de sa cigarette, que l'on connaîtrait le nom de l'attributaire sous peu. Depuis des heures, les membres de la commission, venus de tous les points cardinaux, débattaient dans le plus grand secret. Il avait même fallu faire monter la bière et les sandwiches. Plusieurs élus s'étaient inquiétés de la fragilité du cahier des charges et de l'analyse des offres. « Je ne comprends pas. On a interdit les variantes dans le RC, mais on leur demande dans le CCTP. Ces contradictions dans notre DCE, ça me fait peur. On va tout droit au contentieux administratif », répétait M. Camerlingue, adjoint à l'urbanisme, « vous savez, il y a déjà eu des précédents » (lire notre article). « Et puis était-on vraiment obligé d'imposer un cadre pour le mémoire technique ? La question divise les acheteurs publics », avait signalé Mme Curie, conseillère déléguée à la santé, qui rentrait d'un week-end à Rome (lire notre article). « Ne parlons pas de l'utilisation de l'article 53 ! L'épineuse question de l'articulation entre l'objet du marché et l'usage de critères de performance d'insertion sociale, bien qu'elle soit examinée par le Conseil d'Etat, n'est pas encore tranchée », avait renchéri M. Légat, adjoint à l'urbanisme (lire notre article). « Opter pour la virtualisation en se groupant avec d'autres organismes, comme vont le faire les hôpitaux, aurait été plus judicieux. On aurait allégé la facture d'au moins 30% », avait regretté Mme Saint-Pierre, chargée des finances (lire notre article). « Vu l'état du budget, on aurait peut-être aussi du réfléchir à l'achat en crédit-bail »,», avait-elle ajouté dans la foulée (lire notre invité du jeudi). Absit reverentia vero, avait commenté, un rien jésuite, le curé, représentant de l'opposition. Lassés d'examiner toute cette paperasse, certains membres de la CAO papotaient dans leur coin. D'autres, dont l'esprit papillonnait, bullaient. Bon allez, j'arrête de pontifier : j'ai rendez-vous rue François 1er, près des Champs, pour boire un canon (jus canonicum). A la semaine prochaine, si Dieu le veut.