La lettre d'achatpublic.info n°540

  • 10/04/2015
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La nouvelle fait les gros titres des tabloïds britanniques. Un antiquaire de Regent's Park affirme avoir retrouvé dans un grenier poussiéreux d'un cottage délabré de Sandgate un chapitre jusqu'ici demeuré inconnu d'un essai d'HG Wells, intitulé  What is coming  - que l'on pourrait traduire approximativement par « ce qui va arriver » pour ceux qui avaient pris l'habitude de s'assoupir près du radiateur pendant les cours de langues - et qui aurait été écrit vers 1916. Celui qu'on considère comme l'un des pères de la science-fiction s'amusait à dépeindre, dans cette digression pensée comme une utopie moderne, certains aspects de la commande publique un siècle plus tard. Il expliquait que les acheteurs publics, jusqu'ici hommes invisibles terrés dans des bureaux fermés à double tour, pratiqueraient le sourcing à visage découvert, en respectant toutefois certaines règles (lire notre invité du jeudi). La fin de la guerre entre deux mondes en quelque sorte. Le prolifique écrivain, membre de la Fabian Society, imaginait que les entreprises pourraient virtualiser leurs offres grâce à des machines capables de numériser des données dans des formats algorithmiques et de les transférer, sans se déplacer, grâce à un gigantesque réseau interconnecté. Il modélisait un easy procurement process (marché public simplifié dans la langue de Rabelais) qui permettait à un fournisseur de candidater uniquement grâce à un numéro d'identification sans même avoir besoin de signer sa réponse (lire notre article). Et il prophétisait même qu'un pouvoir adjudicateur pourrait choisir un prestataire à peine sorti du berceau pour ses besoins technologiques (lire notre article). A l'époque, en dépit de la notoriété de son auteur, cet appendice, considéré comme un tissu de billevesées, fut refusé par tous les éditeurs de la perfide Albion. On se demande bien pourquoi. Comme disait ce bon vieux Herbert, « il n'y a pas d'intelligence là où il n'y a ni changement, ni besoin de changement. » Bon allez, il me faut quitter la machine à explorer le temps, je suis invité par mon ami, M.Moreau, à passer le week-end sur son île. Cela me fera le plus grand bien car j'ai l'esprit au bout du rouleau. A la semaine prochaine, peut-être.
Jean-Marc Binot