La lettre d'achatpublic.info n°546

  • 29/05/2015
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J'ai beau me dessiller les yeux, il n'y a pas beaucoup d'acheteurs publics qui ont la chance de dormir du sommeil du juste, place des grands hommes, à l'ombre des colonnades de Soufflot. Preuve que la patrie n'est pas vraiment reconnaissante. A la limite peut-on repêcher Jean Moulin. C'est bien le diable s'il n'a pas signé un marché lorsqu'il était préfet. Il y a pourtant encore de l'espace, en dépit de l'arrivée très récente de nouveaux locataires, puisque l'établissement, dans un quartier plutôt agréable à vivre, a de quoi accueillir au moins encore deux cents personnes. Les grincheux observeront que le confort n'est pas cinq étoiles : il paraît que la crypte n'est pas chauffée l'hiver, et que l'acoustique amplifie les ronflements. Des commentaires peu élogieux ont été publiés sur Tripadvisor à ce sujet. Même s'ils ne décrocheront pas un logement de fonction au faîte de la montagne Sainte-Geneviève, nombreux sont  ceux qui peuvent prétendre à entrer au panthéon de la commande publique : Gérard Brunaud qui rompt avec la langue de bois et estime que le projet d'ordonnance a raté son rendez-vous avec l'achat durable (lire notre invité du jeudi) ; Gilles Pélissier, rapporteur public, qui juge que choisir un délai de suspension inférieur au délai de 16 jours - ou de 11 jours en cas de transmission électronique -, dans le cadre de la notification prévue à l'article 80 du CMP ou au I de l'article 46 du décret du 30 décembre 2005, constitue une irrégularité privant le requérant de la possibilité d'introduire un référé précontractuel (lire notre article) ; Serge Schreiber pour son guide pédagogique sur la déontologie du métier (lire notre article), Wilfrid Clément et Dominique Chevallereau pour leur démarche innovante de marché d'amélioration de la qualité des eaux via l'achat de denrées alimentaires (lire notre article), ce juge de TA qui estime que l'on peut auditionner un candidat en AOO sans reprendre les conditions déterminées par la DAJ (lire notre article), ou bien encore Guillaume Cantillon qui a brillamment soutenu une thèse jeudi après-midi, à quelques mètres du sanctuaire du saint des saints républicain, sur la cohabitation entre le principe de libre concurrence et les objectifs de politiques publiques en droit des marchés publics (lire notre info). Bon allez, c'est la fin de cet édito démiurgique. Comme le disait André Malraux, « le tombeau des héros est le coeur des vivants. » A la semaine prochaine, peut-être.
Jean-Marc Binot