La lettre d'achatpublic.info n°549

  • 19/06/2015
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Je m'étais juré de lutter contre le matraquage marketing, mais finalement j'ai craqué et je suis allé voir Achatpublik Park, le monde perdu, dans ma salle obscure préférée. A choisir, je vous conseille surtout la version 3D, ça permet de profiter pleinement des effets spéciaux, notamment la scène chargée en hémoglobine où un Contentieusaurus, carnivore à la dentition acérée titanesque, transforme en charpie un petit Adjudicator qui avait eu le malheur de ne pas respecter sous 15 000 euros quelques règles élémentaires que rappelle l'avocat Aurélien Burel ce mois-ci (lire le commentaire).  Pour le reste, le scénario part rapidement en capilotade avec des anachronismes à tout bout de champ (les cinéphiles apprécieront le jeu de mots). Je vous le fais bref : le professeur Georges Marché, paléontologue réputé et spécialisé dans la commande publique du Mésozoïque, est déposé sur une île au large de nulle part pour retrouver un exemplaire - fossilisé dans de l'ambre - d'un exposé de Bertrand Da Costa sur l'état de la jurisprudence en matière de critères de sélection des candidatures et d'attribution des offres (lire notre invité du jeudi). Après bien des aventures abracadabrantesques, au cours desquelles il est poursuivi  par un terrifiant Mapalophus et un monstre hybride - un Allotiraptor croisé avec un Dialogcompétitifodon (lire notre article) - l'éminent universitaire découvre dans une grotte les restes d'un Ponderaton Armoricanotops,  preuve de l'existence à l'époque de méthodes de notation directe  sans recourir à un pourcentage ou à un coefficient multiplicateur (lire notre article). Il parvient à photographier un troupeau de Tolosa Subséquentus, animaux massifs plutôt grégaires, et capables d'économiser jusqu'à 2,3 millions d'euros par an dans le secteur de l'électricité (lire notre article). La seule originalité de ce blockbuster réside dans l'absence de happy end. A la fin de son calvaire, le professeur succombe, dévoré par un Infructuosor. Au moment d'exhaler son dernier soupir, il se demande si le Conseil d'Etat validera la possibilité d'analyser la valeur technique d'une offre sur la base d'un test (lire notre article). Bon allez, c'est la fin de cet édito d'un autre âge. Juste un petit mot pour rassurer ma collègue Lehma qui aurait, selon plusieurs sources, un petit faible pour les hommes à la pilosité et à la sudation surabondantes : ce n'est pas une perversion, tout juste un péché véniel. A la semaine prochaine, peut-être.
Jean-Marc Binot