Le père Noël, dans son infinie bonté, a exaucé mes vœux. Au pied du Nordmann, le jour commémorant la naissance d’un enfant d’un couple de migrants sans papiers originaires du Proche-Orient (même si la date est controversée), j’ai trouvé un casque de jeu virtuel ultra-immersif accompagné du jeu prototype Acheteur 2.0, préféré, et de loin, aux têtes de gondole que sont Resident Devil : the Return of the Come Back, Pepperoni Pizza Destroyer IV ou Kill’em All 2016. Impatient, je dévore le mode d’emploi et les six fiches des missions de la fonction achat mis au point par le programme Perf’achat (lire notre article), avant de coiffer la bête et d’allumer la console. J’empoigne la manette à gauche et le joystick à droite, et me voilà immédiatement propulsé dans le monde hyperréaliste d’une direction de la commande publique. La qualité du graphisme est incroyable. Quel souci du détail ! Le mobilier vieillot, la moquette défraîchie, le calendrier offert par un fournituriste, le clavier du PC maculé de taches de café, c’est du beau boulot. Soudain, la porte du bureau s’ouvre. C’est un DGA en costume cravate furibard qui me passe un savon parce que j’ai laissé un élu, dirigeant d’une association déclarée attributaire d’un contrat, participer à la procédure. Résultat, la CAA a annulé le marché (lire notre article). J’ai les tympans déchirés à cause de la carte son mégapuissante. Pas le temps de souffler, l’ordinateur signale l’arrivée d’un mél. C’est un agent de la direction du patrimoine qui me demande mon avis sur la remise interlots, prévue dans le futur décret : comment fera-t-on l’analyse des offres ? Je lui réponds qu’il a raison de ne pas se précipiter (il ne faut jamais se fâcher avec les services techniques) et de faire attention à ce miroir aux alouettes (lire notre article). Je veux découvrir d’autres décors alors je sors de la pièce. Dans le couloir, la responsable juridique, qui ressemble étrangement à ma collègue Lehma, me saute dessus et m’incendie : j’ai omis de mettre à jour le guide des procédures avec les nouveaux seuils européens (lire notre info) et oublié de lancer un AO pour le gaz, avant la fin des tarifs réglementés (lire notre info). Je fais demi-tour pour lui échapper, mais elle me pourchasse, en me tabassant avec un Code. Pour me sortir de ce guêpier, je me réfugie dans l’ascenseur et j’appuie sur le bouton « sortie ». Sapristi, j’ai un haut le cœur, l’impression de descente est réelle, c’est encore plus flippant que de découvrir le vrai DUME paru au JOUE (lire notre info). Bon allez, je débranche, mon oreille interne est complètement à l’ouest. A la semaine prochaine, peut-être. En attendant, bonne année à tous.

Jean-Marc Binot