La lettre d'achatpublic.info n° 576

  • 05/02/2016
partager :

(Générique de Monty Norman et John Barry). Mon nom est Bonde Commande, James Bonde Commande.  Au service de la République. Docteur en droit public, je suis capable de rédiger les yeux bandés un partenariat d’innovation en moins de 007 minutes top chrono. Major de promo du MAI de Bordeaux et du DESMA de Grenoble, j’ai été entraîné à flinguer sans état d’âme les besoins superflus, les cahiers des charges copiés-collés ou les pénalités surdimensionnées qui font fuir les soumissionnaires. Polyglotte diplômé des Langues O, je peux négocier dans dix-huit dialectes ou traduire en javanais un article comme celui sur la frontière entre dénaturation et mérite respectif des offres (lire notre invité du jeudi). Impitoyable sur les prix, je n’ai pas l’habitude de faire des concessions, même si le décret vient d’être publié (lire notre info). J’exécute sans broncher, aussi bien le candidat évincé qui a invoqué l’imprécision des critères de sélection, mais qui n’est pas susceptible d’être lésé puisqu’il a remis une offre (lire notre article), que le maire d’une petite commune qui a oublié de publier un AAPC pour ses MAPA et qui est condamné pour délit de favoritisme (lire notre article). On m’envoie sur tous les fronts. Inoxydable, imputrescible et inépuisable, j’enchaîne les missions, toutes plus dangereuses les unes que les autres. De toute manière, on ne vit que deux fois. Grâce à la dernière trouvaille de la section « Q » - une nano-tenue de plongée invisible - j’ai été déposé par un sous-marin au large de l’île de Sein, près du phare Ar Men, pour savoir comment les hôpitaux allaient s’y prendre pour faire des économies. Et surtout « M » m’avait demandé de coincer le Chiffre. C’est fait : 1,2 milliard d’euros (lire notre article). A peine séché, j’ai bondi dans mon Aston Martin DB 5 de fonction, suréquipée avec télédétecteur de sourcing et lance-grenade stroboscopique anti-OAB. Pied au plancher, j’ai pris la direction du forum des acheteurs de l’Education nationale. Le patron du SAE, Michel Grévoul, venait en personne faire un brief sur la future gouvernance des achats de l’Etat, rien que pour leurs yeux (lire notre article). La fin de journée a été plutôt tranquille avec une opération du tonnerre. Parachuté en smocking fait sur mesure à Bruxelles sur le toit du bâtiment de la Commission européenne, j’ai fait main basse sur la nouvelle version édulcorée de la proposition législative face aux offres des entreprises de pays qui restreignent l’accès de leurs marchés publics. Ce n’est plus œil pour œil, ni même dent pour dent comme dirait Richard Kiel, alias le Requin, mais plutôt vivre et laisser mourir (lire notre article). Bon allez, j’arrête d’écrire des Connery, il faut que je rende mes notes de frais à Moneypenny, ma contrôleuse de gestion. Après, je fonce à la cantine : il y a du Broccoli au menu. Bons baisers et à la semaine prochaine, peut-être.

Jean-Marc Binot