Edito 590

  • 13/05/2016
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Vendredi 13… Grrrrrrrrrrr… C’est l’heure où les terrifiants Jason, Freddy, et autres tueurs masqués, sortent d’une cauchemardesque brume nocturne pour effrayer tous les ados qui jouent à se faire peur en visionnant ces grands classiques, sortes de rituel de passage pour tout jeune occidental en mal de sensations fortes. En ce moment même, qui sait si la ville de Bordeaux ne souhaiterait pas, dans ses tréfonds inconscients, qu’un abominable griffeur de nuit, vengeur masqué des décisions de justice défavorables aux acheteurs, ne vienne lacérer violemment l’avis du Conseil d’Etat ? Ce dernier a, en effet, annulé sa délibération autorisant la signature d’un contrat de partenariat pour la construction d'un nouveau stade (lire notre article). N’imagine-t-elle pas un homme horrifiant et à moitié décomposé, brandissant une scie sauteuse d’un vacarme assourdissant, surgir dans la salle du contentieux, pour tailler en pièces ses boiseries cirées, devant un parterre de Sages et de studieux étudiants en droit (sans oublier notre zélée journaliste Emmanuelle) effarés ? Sa besogne faite, le dément implacable irait droit vers le TA d’Amiens pour déchiqueter la décision du juge qui a annulé l’intégralité de la procédure de passation de délégation de la communauté d’agglomération de Compiègne pour violation du principe de la confidentialité des offres (lire notre article).  Le nouveau modèle de RC pour les MAPA de Royan serait épargné (lire notre article). Mais pas l’ordonnance et le décret relatifs aux marchés publics qui compliquent la vie des acheteurs. On en veut pour preuve la nouvelle exigence qui oblige les personnes publiques à prendre en compte la complexité du marché public et le temps nécessaire aux opérateurs économiques pour préparer leur réponse, avant de fixer le délai de réception des offres (lire notre invité du jeudi). Sa soif de vengeance ne serait étanchée qu’après avoir emprunté les interminables couloirs de Bercy pour dilacérer tous les bureaux, ordinateurs et dossiers de la DAJ. Dans un tourbillon de papiers, de bois, de verre, d’agglomérés et de plastiques en éclats, sa scie sauteuse levée haut vers le plafond telle une sanction venue du ciel, il vociférerait de sa voix gutturale, qu’il réapparaîtrait, dès qu’un texte viendrait troubler le travail des acheteurs publics. Et que son châtiment serait terrible, froid et sanguinaire la prochaine fois… Mais tout ça, chers lecteurs, ne sont que les élucubrations d’une journaliste à l’imagination débordante, dont les vertus peuvent toutefois s'avérer thérapeutiques pour les acheteurs, puisque la construction d’un imaginaire anticipatif inhibe, dit-on, toute velléité de passage à l’acte.

Docteur Sandrine Sigmund Dyckmans