Edito 612

  • 18/11/2016
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En assistant à quelques jours d'intervalle à deux conférences dédiées à l'achat public, j'ai pris conscience de la béance qui séparait encore deux mondes, ou devrai-je dire deux approches de la commande publique, l’économique et la juridique. Et ce n’est pas un fossé du fort de Vincennes, ni même le gouffre de Padirac qui éloigne les deux univers, mais littéralement la fosse abyssale au large de l’île de Guam, là où seuls les micro-organismes barophiles, le grand-gousier, le chauliode et la donzelle sont capables de survivre. D’un côté, ont été abordés le nouveau cadre réglementaire sous l’angle de la performance achat, la place du client et le rôle de l’acheteur face à la déferlante de la mutualisation, la recherche de solutions innovantes, ou encore l’élargissement des compétences de l’acheteur et les besoins de formation qui en découlent. De l’autre, on a disséqué au scalpel, avec une délectation presque masochiste, le décret du printemps dernier, en soupesant le poids du risque contentieux - au microgramme près - des cas de recours à la procédure concurrentielle de négociation, on a qualifié le MPS de « vaste fumisterie » (alors que l’outil est capable de redonner le goût aux entreprises de répondre à des marchés) et on s’est (re)questionné sur la problématique de la signature électronique. Une vraie bataille d’Hernani, une sorte de remake de l’immémoriale querelle des anciens contre les modernes. Vu l’état calamiteux des caisses publiques, il est désormais grand temps de dénicher le 06 des Sabines pour leur demander d’intervenir, en appeler à la réconciliation nationale, voire, en ces temps de commémoration de la Grande Guerre, à l'union sacrée. Car techniciens de l’achat et juristes sont aujourd'hui indissociablement liés, comme le yin et le yang. A la semaine prochaine, peut-être.

Jean-Marc Binot