Comment construire une centaine de bâtiments d’hébergement sur tout le territoire en un minimum de temps, sans contentieux, avec une approche développement durable et avec une ristourne financière à la clef ? Vous en avez rêvé, le SID est en train de le faire. « Bâtisseur des armées », ce poids lourd de la Défense nationale, qui a fêté ses cinq ans d’existence en octobre, est implanté en métropole, en outre-mer et à l’étranger (4360 collaborateurs, un milliard d'euros d'investissements, plus de 5000 immeubles et 2,6 milliards de m² de terrains à gérer, un millier de marchés supérieur à 90 000 euros passé en 2009). Il a pour mission principale d’adapter et de réaliser les logements des personnels, hôpitaux militaires, casernes, ateliers techniques, abris, pistes aéronautiques, etc. A lui la tâche de mener à bien les études, de mettre noir sur blanc les cahiers des charges, et, bien entendu, de superviser les consultations. L’opération couronnée aux Trophées de la commande publique s’est déroulée dans un contexte très particulier. En effet, RGPP oblige, le Mindef a opéré une importante restructuration en regroupant ses unités au sein d’une cinquantaine de bases de défense interarmées (BdD). Une mesure qui a débouché sur le besoin de construire une centaine de bâtiments pour accueillir les militaires des trois armes. Au total 2 à 3000 chambres d’environ 20 m2 à fournir sur la période 2009-2014.

Hagnenau : un des premiers bâtiments livrés.

Standardisation et massification

Un calendrier tendu compliqué par un contexte mouvant. « On avait une inconnue forte sur le déploiement des bâtiments, en raison des demandes de collectivités qui voulaient garder leurs régiments », explique le lieutenant-colonel Nicaise, chef de la section marchés à la direction centrale du SID. Pour gagner du temps et de l’argent, un programme de bâtiment-type (grand modèle/petit modèle) est imaginé en collaboration avec d’autres directions en novembre 2008. Le bénéfice est multiple : côté donneur d’ordres, pas besoin de multiplier les études comme des petits pains. Côté fournisseur, c’est la garantie de rationaliser le processus de construction. Cerise sur le gâteau, la très haute performance énergétique (THPE) doit guider l’ensemble des choix. La standardisation s’accompagne d’une massification du besoin avec le lancement d’un accord-cadre multi-attributaire et d’une sélection des entreprises au niveau national. La démarche est originale : d’une durée de cinq ans (et donc dérogatoire au Code), sans mini ni maxi, l’accord-cadre prévoit une répartition géographique (par grandes régions), temporelle (par tranche annuelle) et par type de construction. Le SID demande aux candidats de remettre dans leur offre des prix plafonds. Les besoins locaux spécifiques peuvent être pris en compte lors des remises en concurrence des marchés subséquents.

Le général Vitry, directeur du SID, reçoit le trophée 2010 dans la catégorie « performance économique ».

Moins cher que prévu

En mars 2009, neuf entreprises déposent une offre. Et pas que des grands groupes. Une PME spécialisée dans le « tout bois », très compétitive en matière de prix, a failli faire partie des heureux élus mais n’a pas été retenue en raison de soucis dans le domaine du second œuvre. Fin avril, l’accord-cadre est bouclé. Cinq entreprises sont retenues (Pertuy construction ; LC Méditerranée ; GCC ; Vinci construction ; Spie Batignolles/Inéo). Et deux mois plus tard, le premier marché subséquent est notifié. Les premiers bâtiments ont été livrés cet été à Agen et à Haguenau. Une vingtaine d’autres sont en cours. Aucun contentieux n’a été enregistré. Et la facture a été moins lourde que prévue. Le prix moyen d’une chambre atteint un peu plus de 44 000 euros, soit 20% de moins que les prix obtenus par le SID pour des bâtiments construits hors accord-cadre. Au final, le coût moyen par bâtiment de 50 chambres (1,78 million) est moins élevé que le coût qui avait été estimé pour un bâtiment de 25 chambres (1,8 million). Certains jurés des Trophées se sont interrogés sur les contraintes économiques imposées aux entreprises. Elles sont « très contentes » car elles disposent d’un « plan de charges relativement bien maîtrisé », répond le lieutenant-colonel Nicaise. Bref, « elles ne sont si pressurisées que cela », assure-t-il avant d’annoncer qu’un « retour d’expérience se tiendra en janvier avec les titulaires ».