Une journée avec...Lucie Becdelièvre : "aller plus loin en matière de clauses sociales"

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Aujourd’hui déléguée générale de l’association Alliance Villes Emploi, Lucie Becdelièvre est passée par l’IEP de Rennes avant de décrocher un Master 2 en aménagement local et dynamiques territoriales dans les pays en développement. C’est pourtant en Saint-Denis qu’elle commence sa carrière, avant de suivre son conjoint en Belgique où elle dirige durant cinq ans la Coordination bruxelloise pour l’emploi et la formation des femmes. La route est tracée…

À 44 ans aujourd’hui, Lucie Becdelièvre anime depuis 2019 l’équipe technique d’Alliance Villes Emploi (AVE), réseau national des collectivités territoriales investies dans les questions d’insertion, d’emploi et de développement économique.
Mère d’une enfant de 10 ans et demi et d’un petit de 4 ans, c’est en métro que Lucie Becdelièvre se rend au bureau, « Vingt minutes seulement de porte à porte ». Une fois arrivée rue du 4 septembre, à deux pas de l’Opéra, elle allume son ordinateur et il n’est pas rare qu’elle prépare le café pour sa petite équipe avec laquelle elle va enchaîner les réunions.

« Les 200 adhérents d’Alliance Villes Emploi sont pour la plupart des intercommunalités avec lesquelles nous communiquons encore beaucoup en visioconférence (le Covid est passé par là) afin de défendre au mieux, à un niveau local, leurs besoins en termes d’entrée dans l’emploi ou de retour à l’emploi, précise-t-elle, il est important d’être au plus près des territoires pour comprendre leurs attentes en favorisant des réunions thématiques qui permettent de mobiliser les divers acteurs locaux ou régionaux. D’autant que, d’un territoire à l’autre, le contexte varie ».

La crise sanitaire n’a pas facilité les rencontres et les déplacements en région. Lucie Becdelièvre rélève l'intérêt des 500 facilitateurs dont un tiers se trouve en Île-de-France et onze dans Paris intra-muros. Leur nombre devrait augmenter de 50 % dans les deux années à venir, grâce à un appel à projets lancé par les pouvoirs publics (relire "Un appel à projets pour faire décoller les clauses sociales dans les marchés de l’Etat").
 

Réseauter et raisonner


Depuis 2020 les résultats sont là : « Tous marchés publics confondus, nous comptabilisons 20 millions d’heures d’insertion au niveau national, dit-elle avec beaucoup de satisfaction, un essor dû en partie au fait que les clauses sociales soient désormais prévues et encadrées par le code de la commande publique. Mais pas seulement, car c’est souvent à l’initiative des collectivités que ces clauses sociales sont intégrées aux appels d’offres, car c’est une façon de remettre en selle des publics éloignés de l’emploi, mais aussi, tient-elle à ajouter, une façon de redynamiser ainsi le développement économique d’un territoire, une pratique désormais répandue parmi les plus innovantes en matière d’achats publics ».

C'est souvent à l’initiative des collectivités que ces clauses sociales sont intégrées aux appels d’offres

Lucie Becdelièvre déjeune entre 13h00 et 13h30, le plus souvent en équipe. On ne change pas de la dynamique du “tous ensemble” qui n’a jamais autant compté, enfin pour ceux qui étaient en présentiel durant la crise sanitaire…

« Nous enchaînons ensuite sur des groupes de travail avec les facilitateurs, enfin “les facilitatrices”...», dit-elle en riant pour souligner que les trois quarts des facilitateurs sont des femmes. Aujourd’hui, au regard de ces échanges avec ceux qui sont sur le terrain, Lucie Becdelièvre dresse un constat : « Désormais parties intégrantes de la commande publique, les clauses sociales sont encore pour partie peu investies par l’État...»
 

Tous les secteurs sont clausables


Pour Lucie Becdelièvre, il reste du chemin à faire : « Les structures portées par les collectivités telles que les MDE (Maisons de l’Emploi), qui ne sont plus structurellement soutenues par l’État, et les PLIE (Plan Locaux pour l’Insertion et l’emploi) largement cofinancés par le Fonds social européen, écosystème particulier demandant une acculturation progressive, sont autant d’outils dont on parle moins concernant notre association, précise Lucie Becdelièvre, et que nous soutenons également.».

Pour la déléguée générale de l’Alliance Villes Emploi, les collectivités ont encore un coup de collier à donner : « La clause sociale reste encore très associée à l’ANRU, au BTP ; et là aussi, il faut aller plus loin ». Tous les secteurs seraient donc clausables ? « Je pense que cela peut permettre d’élargir un vivier de candidatures pour des secteurs en pénurie de main-d’œuvre comme pour des métiers très en tension, et permettre ainsi aux seniors, aux femmes, aux jeunes diplômés, aux travailleurs handicapés d’accéder in fine à l’emploi. Les entreprises en seront bénéficiaires également ! ».

La journée de travail tire à sa fin. Entre 18h00 et 19h00 Lucie Becdelièvre s’en va, ne tolérant plus que les SMS, confie-t-elle en riant.
Pour conclure, elle vous avoue aimer aussi l’info et la cuisine internationale : « Je travaille dans un réseau qui est politique au sens noble du terme. Je suis dans des logiques de transformations ayant un impact direct sur mon optimisme et le volontarisme que je m’efforce de mettre au service de l’association m’ayant missionnée pour optimiser les politiques publiques sociales ».