La lettre d'achatpublic.info n°367
Maison de retraite « Beausoleil ». Une brise légère et bienvenue, embaumée par la pinède voisine, tempère la chaleur étouffante de l'après-midi. Sous une marquise, un vieux phonographe égrène You do something to me, un standard de Cole Porter. Etalés sur leurs chaises longues, contemplant la mer opaline en sirotant un orgeat, deux anciens rédacteurs de marchés font la bazarette et philosophent avé l'assen. « Panisse, c'est un vrai cafoutchi de nos jours. Avant, on pouvait faire du gré à gré jusqu'à 300 000 francs. Droit au but comme Skoblar. Aujourd'hui, c'est la risade. Comment il les appelle, ces engambis ? » « Hé bé, des MAPA, César ». « Peuchère, ça me fait penser à de la vaisselle à faire, et ça m'escagasse. » « Té, César, ils sont même obligés de demander au ministère s'il faut envoyer les papiers à la préfecture, entre 193 000 et 387 000 euros, pour les entités adjudicatrices » (lire notre info). «Fan de chirchoule, nous, on avait 399 articles au Code. Et ben, maintenant, les minots, ils font les cacous parce qu'ils en ont deux fois moinsse. Mais il faut qu'ils soient eurôcompatibles, comme disent ces messieurs à Paris. Résultat, leur 80-I-2, il s'est fait aganter par les papets du Conseil d'Etat » (lire notre article). « Et tu sais quoi, c'est la même limonade pour le 53-IV-2, sujet d'un nouveau contentieux » (lire notre article). « Je te jure, les fadas, ils ne savent plus quoi inventer. Les cabinets-conseils se font payer aux économies obtenues (lire notre article). Et en Belgique, on a même créé des centrales de marchés » (lire notre invité du jeudi). « Du coup, y a la Fanny, une collègue pitchoune qui a quitté le métier pour aider les entreprises à soumissionner » (lire notre article). « Boudie, Panisse, quand on était beau, Béziers, c'était connu pour son rudebi et Richard Astre, pas pour la jurisprudence permettant de contester une mesure de résiliation. Il y a même Béziers 1, Béziers 2, quelle bouillabaisse.» « Jobastre, à quoi ça sert de se décarcasser ! Tu ne comprends rien, un vrai cabas. Un TA a été saisi, et il a rejeté pour défaut d'urgence. Y paraît que la survie économique de l'entreprise requérante n'étant pas mise en péril » (lire notre article). Un lourd silence s'installe, à peine interrompu par les grillons. « Allons César, je t'ai fait de la peine ? » « Non, tu me fais plaisir. » « Allons César ». «Quand tu me parles sur ce ton, quand tu m'espinches comme si j'étais un scélérat... Je ne dis pas que je vais pleurer, non, mais moralement, tu me fends le cœur. » Zou, fini les galéjades et autres pignolades de cet édito pagnolesque. A la semaine prochaine.
Jean-Marc Binot (homme du Nord)
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