La vie après les Trophées de la commande publique (3/3) : des retombées !

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Si après avoir reçu sa récompense un seul lauréat des Trophées vous chantait “Y’ai né pas sanzé”, le tube de Juglio Iglesias, dites-vous bien qu’il ment comme un arracheur de dents, même s’il reprend plutôt bien l’accent du crooner madrilène. Car bien évidemment leur vie "a sanzée". Non dans la façon de monter leur dossier, qui est toujours réalisé en mode projet, mais pour les retombées, une fois le Trophée ramené à la maison. Leur téléphone n’arrête pas de sonner et, pour ceux qui n’y étaient pas déjà, les voici dans la cour des grands.

Pratiquement tous les lauréats que nous avons approchés ont reçu des appels d’autres acheteurs ... qui tous voulaient connaître la recette.

Tout d’abord sur la façon dont ils avaient préparé le dossier primé. Pour François Zanatta, qui a offert l’an dernier à son ministère de tutelle un Trophée “Clause sociale” avec le marché de réinsertion de la maison d’arrêt de Douai : « Le travail de groupe est essentiel, et surtout il permet d’être compris par tous ! ». Mais aussi, comme l’aurait dit Piéral, « cela permet de prendre de la hauteur ». Il précise : « J’ai préparé le dossier avec des acheteurs en administration centrale, au ministère de la Justice, habitués à monter ce type de candidature. Au final c’est un exercice stimulant, parfois contraignant (on aimerait s’étaler davantage…), didactique et bien sûr collaboratif ».
 

De l’autre côté de la France, à Marseille, Maya Ribault, chef du projet Spaser qui a permis l’an dernier à Aix Marseille Provence Métropole de gagner le Trophée “Achat responsable” met elle aussi en avant le travail de préparation, aidé par la transversalité du projet : « Nous avons préparé cette candidature en interne au sein de notre direction Achat, sans trop faire de communication, ne sachant pas trop ce que donnerait cette première candidature. Le projet étant déjà très transversal, nous n’avons pas eu besoin de mobiliser d’autres services pour préparer le dossier, les éléments étant déjà tous en notre possession. L’enjeu a résidé dans le fait de savoir quoi présenter, et comment, pour mettre en valeur le travail effectué pour répondre aux critères du concours ».
 

Lauréate en 2021 du Trophée “Coup de Cœur”, Christelle Armandi évoque les vertus du travail en équipe : « Cathy Thiery, chargée de développement clauses d’insertion du service emploi, et Olivier Daiguemorte technicien du service des déchets ménagers et assimilés ont été partie prenante dès le début, tient à souligner la chef du service de la commande publique de la Communauté d’Agglomération Arles Crau Camargue Montagnette, le service de l’emploi ainsi que celui des déchets ménagers et assimilés ont reçu la validation de leurs directions respectives. Nous les avons sollicitées pour avoir leur accord en amont, puis nous les avons associées à la démarche finale avec la présentation du dossier avant l’envoi, puis lors de la remise des Trophées».
 


La réussite du mode projet


Parfois, la logique est sensiblement différente : « C’est moi qui tient la plume, confie Jean-Christophe Caroulle, le chef du service Stratégie, Performance et Programmation de la communauté urbaine et de la ville de Dunkerque, mais j’ai échangé avec ma hiérarchie avant de remplir le dossier qui a été récompensé en 2021 avec le Trophée “Achat public durable ”. C’est a posteriori que nous communiquons avec les élus et la direction générale ».
 

Au Grand Annecy, qui a gagné l’an dernier un Trophée “Coup de Cœur”, la coordinatrice des achats a récolté dans un premier temps les éléments de réponses à apporter au questionnaire de candidature auprès de sa chef de projet en charge du dossier : « J'ai ensuite rédigé les réponses afin de faire ressortir le caractère novateur de notre projet, explique Nathalie Coudière-Sault, il faut avoir en tête que le format des réponses, volontairement assez court, oblige à convaincre en allant à l'essentiel. Il suppose donc de bien connaître son dossier, de bien savoir pourquoi on candidate et de bien mettre en lumière ce qui fait que notre dossier est “remarquable” et sort du lot. Un argumentaire qui a bien évidemment été validé par le vice-président "administration générale" et le directeur général adjoint en charge de l'administration générale ».
 

À Bordeaux, Nicolas Cros avait décidé l’année dernière de présenter deux projets : « L’achat innovant sur les masques chirurgicaux biosourcés et biodégradables, puis les clauses d’insertion dans les marchés de maîtrise d’œuvre, précise le directeur des achats et de la commande publique de Bordeaux Métropole. Pour le premier sujet, récompensé par un Trophée “achat exemplaire”, nous avons préparé le dossier au sein de la direction avec nos partenaires extérieurs dans cette aventure. Pour les clauses d’insertion, nous l’avions préparé en lien avec les facilitateurs qui nous ont accompagnés sur ce projet ».
 


Allo ? C’est pour te féliciter !


Deuxième récompense après les Trophées, les appels des acheteurs qui viennent féliciter leurs collègues récompensés. Et pratiquement toujours la même question : « Il faut s’y prendre comment ? ». Laissons parler les lauréats.
« Nous avons été énormément sollicités, dit à Dunkerque Jean-Christophe Caroulle, ces échanges sont toujours enrichissants car cela me permet également de conforter ma réflexion sur le SAD (système d’acquisition dynamique) et voir comment les autres acheteurs appréhendent cette technique d’achat, dans quel domaine ils l’envisagent, quelles questions ils se posent... J’ai même pu assurer une formation d’une journée sur ce thème. En plaisantant parfois, je dis que je suis le “VRP du SAD en France” car je suis convaincu de l’intérêt de cette technique d’achat et j’essaye de convaincre les curieux qui s’y intéressent ».

À Lille, le téléphone de François Zanatta a également sonné : « Il ne s’agissait pas directement d’acheteurs, mais plutôt des services du ministère qui s’intéressaient aux marchés d’insertion pour monter des projets en établissements pénitentiaires. J’ai pu présenter notre réalisation lors d’un séminaire de l’ATIGIP (une agence en charge du travail pénitentiaire) auprès de professionnels de l’insertion en détention, en octobre dernier ».

À Annecy, les questions des autres acheteurs étaient très ciblées : « Notre service commande publique a été très sollicité pour partager notre cahier des charges, raconte Nathalie Coudière-Sault au Grand Annecy, quant à moi, j'ai échangé avec des acheteurs qui avaient déjà un projet de ce type en tête et qui voulaient confirmer la démarche à mettre en place, notamment en matière de sourcing, et bénéficier de notre retour d’expérience ».

Pareil à Bordeaux Métropole : « Oui, nous avons été également sollicités, raconte Nicolas Cros, mes collègues voulaient en savoir plus sur notre Spaser et souhaitent que nous leur présentions notre pratique des achats innovants ».
 

Profiter des retours d’expérience


À Aix Marseille Provence Métropole, Maya Ribault se félicite de la visibilité offerte par le trophée. Pour preuve les appels qu’elle a reçus : « Ce sont des échanges toujours très riches qui nous font aussi avancer dans nos réflexions futures et actuelles, les questions portent sur les indicateurs, la communication, la sensibilisation, le contrôle effectif de la mise en œuvre du Spaser au travers de nos marchés, ou plus généralement sur la méthodologie globale de la mise en œuvre de notre Spaser ». Pour elle, il y a un effet positif auprès de ses pairs : « Y compris ceux que nous considérons comme exemplaires et qui sont intéressés par la découverte de nos outils et de nos méthodes. Cela nous rend très fiers évidemment ! Nous recevons d’ailleurs beaucoup de sollicitations de la part des autres acheteurs publics, petits ou grands, qui souhaitent partager nos retours d’expérience. C’est notamment grâce à ces phases d’échanges que nous avançons sur des sujets qui nous mobilisent en ce moment comme l’impact carbone de certains marchés ou de certaines prestations, la prise en compte du budget climatique dans nos analyses de marchés prioritaires, etc. ».

Mais laissons la conclusion à François Zanatta qui était, lorsque son ministère de tutelle a gagné le Trophée “Clause Sociale” l’an dernier, adjoint à la déléguée interrégionale des services pénitentiaires de Lille, chef du département des achats et de l’exécution budgétaire et comptable : « Les services d’insertion comprennent à travers notre exemple que le marché public est un levier, parmi d’autres, pour favoriser l’activité en détention ; en d’autres termes, je fais passer le message que le code de la commande publique n’est pas une contrainte insurmontable, mais un cadre dont il faut profiter intelligemment. Cela demande du travail, il y a du formalisme à respecter, il faut avoir conscience des exigences juridiques, mais tout cela peut être porté par la recherche d’un plus grand bien, qui est bien la participation à la réinsertion des personnes condamnées ».

 
  • Retrouvez la retransmission de la cérémonie de remise des trophées de la commande publique 2022 et tous les articles dédiés sur  le site www.tropheescommandepublique.com