La lettre d'achatpublic.info n°478

  • 06/12/2013
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Dès que l’on touche au code des marchés publics, l’avocat marseillais Eric Lanzarone a l’hallux chatouilleux, la glotte irritable, que dis-je, la rate au court-bouillon. Quand il a appris qu’Alain Lambert, le chantre de la simplification administrative, s’était amusé à rédiger un projet de décret portant abrogation du texte sacré des acheteurs, du cantique des cantiques, du zabur du XXIème siècle, du livre des psaumes post-moderne, son sang (chaud) n’a fait qu’un tour. Empoignant sa sulfateuse semi-automatique calibre 50, un flingue de concours, le Phocéen atrabilaire a atomisé la proposition de l’ancien ministre, assaisonnement Volfoni : « Non, mais t'as déjà vu ça ? Il est complètement fou ce mec. Mais moi, les dingues, je les soigne. J'vais lui faire une ordonnance et une sévère ... J'vais lui montrer qui c'est Riton. Aux quat' coins du pays qu'on va l’retrouver son projet de décret, éparpillé par petits bouts, façon puzzle. Moi, quand on m'en fait trop, j'correctionne plus : j'dynamite, j'disperse, j'ventile.  Il va avoir un réveil pénible, j'ai voulu être diplomate à cause de vous tous, éviter que le sang coule, mais maintenant c'est fini, j'vais le travailler en férocité. Il entendra chanter les anges, le gazier d’Alençon ; j'vais l'renvoyer tout droit à la maison mère, au terminus des prétentieux...» La diatribe mistralienne, faut reconnaître, c'est du brutal, de l’acariâtre sauvage, du napalm au serpolet. Plongée dans la béchamel infernale, éreintée à coup de lattes, travaillée au corps façon Teddy de Montréal, chahutée à la soude caustique, la suggestion du président du conseil général de l’Orne. Yes sir. L’homme de la pampa provençale, parfois rude, mais toujours courtois, essore au vitriol aligoté la thèse normande qui fait porter au Code tous les péchés. Se contenter des directives ? Mais les textes européens sont plus hermétiques qu’un bréviaire rosicrucien, rétorque l’homme à la robe. La mort du Code, vecteur de simplification ? C’est ouvrir la porte à une pandémie de règles provinciales, bref la balkanisation, avertit l’avocat. Le Code, texte anti-croissance ?  Un argument fallacieux qui ne repose sur rien, répond Eric Lanzarone (lire notre invité du jeudi).  M’est avis qu'on n'a pas fini d'entendre les balles siffler. A la semaine prochaine, peut-être.

Jean-Marc Binot