Edito 597

  • 01/07/2016
partager :

Plus belle la commande publique, saison 3, épisode 7

Dans les bâtiments flambant neufs de l’hôpital de Clamesset, érigé avec un PPP - autrement dit à crédit sur trente ans, mais comme le répète à l’envi le directeur des finances, Ernest Lavard : « je m’en lave les mains, je pars à la retraite à la fin du mois » - ça sent encore la peinture fraîche. Au 14ème étage de l’aile C 2 du bloc Larrey (pour ceux qui l’auraient oublié médecin fameux de l’armée napoléonienne, capable sur le champ de bataille d’amputer un membre en moins d’une minute), les acheteurs installent leurs petites affaires, en maugréant : la porte du bureau a été montée à l’envers, le commutateur de l’éclairage fait automatiquement disjoncter le secteur, et les WC ont été bouchés dès le premier usage. « Tu m’étonnes, ils ont mis du 60 mm de diamètre pour le raccordement. Voilà où ça mène la sous-traitance pressée comme un citron. Les prix sont comprimés mais nos intestins aussi », lâche, inspiré, Henri Daimat, en train de réfléchir à la méthode de l’unité d’œuvre multi-évaluée (lire notre article) après avoir bouclé le renouvellement du marché d’appareils de coloscopie. « On se demande surtout pourquoi l’agence régionale de santé de Septicémie Septentrionale n’a pas déféré devant le tribunal administratif. Contrairement à un marché, cas dans lequel elle doit justifier une lésion (lire notre article), c’est open bar pour les PPP», relève Isabelle Contras,  soulagée dans tous les sens du terme et par ordre chronologique 1) d’avoir pu utiliser les sanitaires voisins du contrôle de gestion, 2) d’y voir plus clair sur les mesures  à prendre pour appliquer l’article 5 du décret du 25 mars afin de respecter l’égalité de traitement lorsqu’une entreprise est sollicitée lors du sourçage (lire le commentaire chirurgical de Géraud d’Alboy) et 3) de savoir qu’on peut autoriser un candidat membre d’un groupement dissous de soumissionner en son nom propre (lire notre article). Le chef du service, Raoul Podevin, affiche lui aussi une mine constipée, mais pour une toute autre raison. Il se demande si, comme l’avocat Rodolphe Rayssac, les groupements de commande pourront être compatibles avec les groupements hospitaliers de territoire (GHT) qui arrivent en juillet (lire notre invité du jeudi). Bon allez, il est temps de boucler cet édito car tout le monde le sait, le travail c’est la santé, mais ne rien faire c’est la conserver. A l’image du Gard, qui vient de sortir un guide de déontologie pour ses acheteurs (lire notre article), mieux vaut prévenir que guérir. Car le surmenage peut faire des ravages, surtout quand je vois une de mes collègues, facilement identifiable grâce à ses bésicles roses, - mais dont je tairai le nom par pudeur et pour protéger sa descendance -  téléphoner au fond d’écran de son portable (si, si, c’est possible). A la semaine prochaine, peut-être.

Jean-Marc Binot