« Allo, la DAJ de Houston, on a un problème ». A bord de la capsule MAPA XIII, l’acheteur du troisième type a beau abaisser et remonter toutes les manettes, appuyer frénétiquement sur l’intégralité des boutons multicolores et clignotants de son tableau de bord, il ne sait pas trop comment il va atterrir, sans casse, sur la planète Full Demat. « Allo, la base, vous m’entendez ?  Allo ? Notre moteur a des ratés. Je ne peux pas réparer, il me manque cinq arrêtés dont ceux concernant la signature électronique en conformité avec le règlement eIDAS, le certificat de cessibilité électronique, et les outils d’échange et de communication. Allo, la base, vous me recevez ? », répète Mona Peldofr, responsable de la mission.  « Qu’est-ce qu’ils te disent ? », lui demande son adjoint Arno Pendata. « Rien, je suis tombée sur un répondeur qui diffuse en boucle Ainsi parlait Zarathoustra de Strauss… Sans poussée, on risque de dériver dans les limbes de l’infructuosité ». « Vu que le MPS n’a pas suffisamment d’autonomie pour les longues distances, on pourrait peut-être tenter de s’en sortir avec le e-Dume ? Ou alors utiliser la puissance du mégaflux de transmission des données marchés au comptable et à l’OECP », suggère un membre de l’équipage. « Non, le premier ne sera opérationnel que dans six mois. Les ingénieurs de l’AIFE continuent de travailler dessus. Le deuxième, développé par la DGFIP, n’est pas prêt non plus », répond l’ordinateur de bord HA 9000, un summum de l’intelligence artificielle. Finalement une voix grésille : « Ici la base. Amarrez-vous à la grande roue orbitale près de Jupiter où le plan de transformation numérique de la commande publique attend d’être validé » (lire notre article). « Ils sont marrants. On doit se mettre en marche, mais au ralenti », ironise la cheffe de l’expédition. Bon allez, je coupe les réacteurs, fin de cet édito kubrickesque, à la fois infiniment petit et infiniment grand. De toute façon, nous irons tous au paradis. A la semaine prochaine,  peut-être.

Jean-Marc Binot