Marathon (wo)man

  • 07/06/2018
partager :

A vos marques, prêts, partez. Passer un marché, c’est quasiment une course d’endurance. Il faut avoir de la caisse, presque la VO2 max de Jean Bouin ou de Forrest Gump, en tout cas la résistance à la souffrance d’un Emile Zatopek (je n’irai pas jusqu’à celle de Dustin Hoffman dans le film culte de John Schlesinger, parce que les mutuelles remboursent de moins en moins les frais dentaires). Après un premier tour de piste histoire de recenser les besoins, le tempo s’accélère avec la rédaction du cahier des charges de plus en plus compliquée à gérer. Si l’achat est maintenant un « levier majeur pour appliquer les politiques publiques, par exemple sur les thématiques de l’achat durable, de l’inclusion sociale, de la participation des PME aux marchés », dixit Laetitia Cesari-Giordani, ancienne sous-préfète, aujourd’hui RMA du ministère de l’Intérieur (lire notre article), gare au choix des critères de sélection susceptibles, à l’image de la notation de la performance RSE du candidat, de provoquer une disqualification (lire notre article).  Pas le temps de reprendre son souffle, parce qu’il s’agit aussi de réfléchir à l’allotissement. Là encore, attention à l’élimination prématurée. Car le Conseil d’Etat peut être amené à vérifier la performance d’une division géographique (lire notre article). Le temps de passer au ravitaillement, qui sera obligatoirement « bio » ou acheté selon des modalités « prenant en compte les coûts imputés aux externalités environnementales liées au produit pendant son cycle de vie d’ici janvier 2022 » (lire notre article), et il faut relancer l’allure car il ne reste plus que quatre mois pour préparer la « full démat » pour laquelle la DAJ de Bercy vient de sortir deux guides « très pratiques » (lire notre article). Et même après avoir franchi la ligne d’arrivée, pas question de s’effondrer sur la cendrée. Malgré les contractures et les périostites, il faudra encore s’assurer que le fournisseur sera payé en temps et en heure. Récompensée le 31 mai par un prix aux Assises des délais de paiement, l’administration centrale du ministère de la Culture qui a déclenché, il y a trois ans, une révolution culturelle pour réduire de 60% le temps mis afin de régler ses factures, ambitionne désormais de passer sa moyenne à 19 jours (lire notre article). Bon allez, je suis claqué, la cloche du dernier tour sonne pour cet édito destiné à encourager mon jeune collègue Mathieu, qui va représenter notre journal dimanche lors de la 9e Juris Run, le 10 juin au Bois de Boulogne. Il va falloir être derrière lui car sa clavicule gauche ressemble à une compote de pommes et ses genoux grincent comme un vieux sommier déniché chez Emmaüs. A la semaine prochaine,  peut-être.

Jean-Marc Binot