[TCP 2023 : les Lauréats] Coup double pour la Gironde et ses distributeurs de protections périodiques pour les collégiennes

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Ce n’est pas un, mais deux prix de la 16e édition des Trophées de la commande publique qui ont été remportés par le département de la Gironde ! La collectivité a remporté le prix « achat exemplaire » dans la catégorie Territoires, ainsi que le prix de la Communauté des acheteurs, afin de la récompenser pour l’installation de distributeurs de protections périodiques écologiques et gratuites dans les collèges. La rédaction a échangé avec Mikael Heligon, Responsable de la cellule de la performance achat au sein du département.

Aujourd’hui, près de 33 000 collégiennes girondines bénéficient de protections périodiques en accès libre et gratuit,  pour un montant de 1 200 000 € TTC sur 4 ans. Des protections respectueuses de leur santé et de l’environnement, en accès libre et gratuit, et fournies par une entreprise ESUS favorisant l’inclusion.


Comment vous est venue l’idée de ce marché ?

Mikael Heligon – Cela fait un moment que nous sommes engagés sur les questions environnementales et sociales. Nous avions déjà pris un SPASER en 2017, renouvelé en 2021.

Environ 80 % de nos marchés contiennent une considération environnementale, et 45 % ont une considération sociale.

Nous avons un engagement aujourd’hui assez fort : environ 80 % de nos marchés contiennent une considération environnementale, et 45 % ont une considération sociale. Et cela nous amène à des projets comme celui-ci, qui est emblématique pour nous, puisque le département a une double labellisation AFNOR Egalité/Diversité.
Nous disposions d'une étude qui démontrait que 12 % des collégiennes étaient touchées par la précarité menstruelle. L’idée était donc d’installer dans tous les collèges de Gironde 2 à 3 distributeurs à disposition des collégiennes.


Quelles sont les caractéristiques du marché ?

Mikael Heligon – Au-delà de l’objet même qui est fort pour nous, l’objectif était d’introduire des considérations environnementales, pour avoir effectivement des produits, des matières premières respectueuses de la santé humaine et de l’environnement. Ce point était une exigence, pas seulement un critère.

L'utilisation matières premières respectueuses de la santé humaine et de l’environnement était une exigence, pas seulement un critère

On sait en effet que les protections périodiques peuvent avoir des conséquences assez importantes en  fonction des produits. Donc l’objectif était clairement d’avoir des protections 100 % coton bio, avec la certification Global Organic Textile Standard (GOTS), un emballage sans plastique et biodégradable et sans utilisation de chlore ou d’agents chlorés.
Ces collégiennes sont aussi de futures consommatrices, donc l’idée était de les amener dès à présent à utiliser des produits qui sont bons pour leur santé et pour l’environnement.


Et sur le plan social ?

Mikael Heligon Nous avons eu une démarche achat qui nous a permis d’être performants sur la partie sociale, avec le sourcing qui nous permis d’identifier les entreprises qui avaient une approche sociale, notamment en favorisant les personnes éloignées de l’emploi. Cela nous a amenés à mettre un critère sur la performance en matière d’insertion professionnelle des publics en difficulté. C’était une première pour nous d’insérer ce type de critères sur un marché de fournitures.
Nous sommes pourtant avancés sur le social puisque nous utilisons des clauses d’insertion depuis 2007, mais uniquement sur les marchés de travaux, avec par exemple 123 000 heures d’insertion sur 32 opérations l’an dernier. Nous voulions donc faire de même sur un marché de fourniture, pour donner encore plus de sens à notre projet. La société titulaire est donc une entreprise ESUS (Entreprise solidaire d'utilité sociale), qui travaille avec deux ESAT (Établissement et service d'aide par le travail) et une entreprise adaptée pour toute sa partie logistique. En effet, si les distributeurs sont fabriqués en France, ce n’est pas les cas de protections qui sont fabriquées ailleurs en Europe.


Quel bilan tirez-vous de ce marché ?

Mikael Heligon – Le marché est en cours d’exécution depuis janvier 2023. Il permet à 33 000 collégiennes d’avoir accès à des protections périodiques, sur tout le département. C’est un nombre assez conséquent !

L’ingénierie achat est un point important. Il est nécessaire d’avoir plusieurs acteurs sur le projet :  le bénéficiaire, les acheteurs et en l’espèce les personnes spécialisées sur le volet social

D’un côté, l’aspect environnemental nous a permis d’avoir un niveau de qualité important ; de l’autre, l’aspect social nous a permis de toucher les entreprises avec un fort ADN social. C’est donc une bonne chose sur un projet qui était fort pour nous par rapport à notre double labellisation Egalité/Diversité.
C’est une démarche collective des différentes directions de la collectivité qui  a permis d’arriver à ce résultat : le service commande publique, la direction des collèges qui bénéficie de ce projet, et la direction de l’insertion et de l’inclusion qui a travaillé sur le traitement social. On voit donc qu’aujourd’hui l’ingénierie achat est un point important. Il est nécessaire d’avoir plusieurs acteurs sur le projet :  le bénéficiaire, les acheteurs et en l’espèce les personnes spécialisées sur le volet social.