La lettre d'achatpublic.info n°404

  • 23/03/2012
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Big Brother is watching you. Catherine Bergeal ne veut pas de l'article 84 - clin d'œil de la Commission européenne à Georges Orwell ? - du projet de directive qui prévoit, dans chaque pays membre de l'Union, la création d'un méga organe de contrôle. Et elle le fait savoir. La DAJ éreinte les « missions démesurées » d'une nouvelle bureaucratie chargée de décortiquer les marchés au-delà d'un seuil, de surveiller l'application des règles, de conseiller les acheteurs, de déceler la fraude et la corruption, et d'examiner les plaintes des citoyens et des entreprises. A la croire, cette énième usine à gaz, dilapidatrice de deniers publics, deviendrait paradoxalement une source d'insécurité juridique (lire notre invité du jeudi). J'imagine déjà un ministère de la Vérité, infaillible et tout-puissant comme celui de la fédération de l'Océania, installer des « télécrans » dans tous les bureaux de la commande publique, histoire de vérifier que les pouvoirs adjudicateurs réclament bien la nouvelle « attestation de vigilance » chargée de lutter contre le travail dissimulé (lire notre article). Et, surgissant de nulle part, des miliciens cagoulés, armés jusqu'aux dents, chargés de « vaporiser » sans autre forme de procès les acheteurs écervelés qui n'appliqueraient pas les jurisprudences du Conseil d'Etat. A ce propos, son rapporteur public vient de proposer d'admettre le recours Tropic pour un concurrent évincé dont la candidature est irrecevable ou l'offre non-conforme (lire notre article). Reste à savoir si ce choix est « doubleplusbon » ou « inbon » (j'ai reçu des consignes pour introduire la novlangue dans les éditos). Le ministère de l'Abondance devrait être satisfait. Le processus de mutualisation des marchés de l'Etat continue sa marche en avant. Dans le domaine de la protection incendie, la Lorraine a ouvert le feu avec une baisse de la facture a minima de 41% (lire notre article). Et la plate-forme achats-finances Ouest du Mindef (encore de la novlangue) a réglé 14 millions d'euros de commande avec la carte d'achat en 2011. 14 000 bons de commande ont été regroupés en 120 demandes de paiement (lire notre article). Je me demande juste pourquoi on n'y a pas songé avant. C'est une erreur : la police de la pensée fait irruption dans le bureau. Je n'aurai pas le temps de poursuivre ce propos dystopique. Direction salle 101 pour une nouvelle séance de rééducation. Deux et deux font cinq...

Jean-Marc Binot

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